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10 000 pas par jour : d’où vient ce malentendu ?

Le Monde – Science et Technologie – Paru le 12/09/2017


Vous avez certainement entendu cette injonction : il faut faire 10 000 pas par jour pour rester en santé…


Mais d’où cela vient-il ?


« Revenons au début de l'histoire. En 1964, Tokyo organise pour la première fois les Jeux olympiques. Profitant de l'engouement de la population, une entreprise, Yamasa Corporation, lance un podomètre appelé le Manpo-kei : « Man » pour " 10 000 ", « Po » pour " pas " et « Kei » pour " mètre " ou " jauge ". Le slogan : " Marchons 10 000 pas par jour ". Nombre de personnes s'en -emparent. Un peu comme le " Just do it " de Nike, explique Catrine Tudor-Locke, qui dirige un laboratoire de recherche au centre de Pennington (Louisiane).


Après les Jeux nippons, souhaitant promouvoir l'activité physique, le chercheur Yoshiro Hatano avait effectivement mesuré que 10 000 pas par jour étaient le moyen idéal pour maintenir " un poids de forme ".


Paradoxalement, si le message a été repris, et continue de l'être, par les fabricants d'objets connectés et la presse, il n'a jamais été validé cliniquement. En effet, le travail de Yoshiro Hatano était basé sur l'homme japonais "moyen", très différent de l'Occidental "moyen". Or l'IMC (indice de masse corporelle) des habitants du Japon est bien inférieur à celui d’Américains par exemple.


Les premières recommandations d'activité physique pour être en bonne santé, validées scientifiquement, ont une vingtaine d'années.


Aujourd'hui, l'Organisation mondiale de la santé préconise, pour les adultes de 18 à 64 ans, au moins 150 minutes d'activité d'endurance d'intensité modérée par semaine, soit 30 minutes par jour. C'est deux fois plus pour les 5-17 ans.


Revenons à nos 10 000 pas. Catrine Tudor-Locke a fait la synthèse de 800 études. Et a traduit les recommandations d'activité physique. Sa conclusion ? " Plus on en fait, mieux c'est ", résume Anne Vuillemin, professeure en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à l'université de Côte d'Azur. L'idée est aussi de limiter le temps prolongé assis. " Si une personne qui ne fait rien se met à bouger, c'est déjà bien ", poursuit cette spécialiste. " Il faut surtout encourager, abonde le médecin du sport François Carré. Si une personne pesant 140 kg commence par monter à pied deux étages, c'est un champion olympique. "


Pascale Santi

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