"« Comment l’humain est-il devenu ce qu’il est ? Pourquoi notre espèce est-elle à ce point différenciée des autres primates ? Quel fut le moteur de cette évolution ?
Toutes ces questions sont âprement débattues par les spécialistes en anthropologie et, parmi les hypothèses pour expliquer ce grand schisme, on évoque souvent l’adoption de la bipédie. En se tenant sur nos deux pieds, on aurait libéré nos mains pour d’autres usages. Ce faisant, on aurait aussi « libéré » notre intelligence.
Bien sûr, il a fallu que notre corps s’adapte à cette posture assez rare dans le règne du vivant. Notre pied s’est ainsi transformé pour encaisser les contraintes de la marche et de la course, infiniment plus nombreuses que celles imposées par le déplacement à quatre pattes. Quand on court, le pied supporte à chaque foulée un poids qui équivaut à huit fois celui du corps. Cependant, il tient le choc et le secret de son étonnante résistance réside, comme pour les édifices religieux, dans une arche longitudinale, en l’occurrence celle de notre dessous de pied.
Madhusudhan Venkadesan, un ingénieur de l’Université de Yale aux Etats-Unis, n’était cependant pas complètement convaincu. Selon lui, la seule voussure de la plante du pied ne suffit pas à expliquer cette solidité.
Il a donc mis en relief le rôle d’une deuxième arche, transversale celle-ci, située à a la jonction entre les métatarses et les tarses. « Sans cette arche transverse, notre pied perdrait de sa résistance aux chocs », a-t-il calculé. L’apparition de cette arche transverse remonterait à plus de trois millions d’années, chez un des ancêtres du genre homo qui aurait joué un rôle déterminant dans la séparation des humains et des primates. Petits os, grands effets ! » "
Auteur : Borel-Hänni François
Référence : Stiffness of the human foot and evolution of the transverse arch, dans Nature, février 2020
Comments